Qu'est-ce que la créativité ? - par Piki Dabou

LA CRÉATIVITÉ
- L’art d’extraire quelque chose du néant -


Tout le monde pense, tout le monde a des idées, tout le monde crée. Qu’il s’agisse d’images mentales, d’écrits imaginaires, ou d’inventions révolutionnaires, la créativité est centrale dans l’activité cognitive humaine. Mais de nombreuses questions demeurent encore sans réponses claires ou faisant consensus. Tout le monde a-t-il le même potentiel créatif ? Quels sont les facteurs pouvant influencer l’imagination ? Qu’est-ce que la créativité, au fond ?

  
La créativité est la capacité à produire quelque chose qui soit à la fois pertinent (utile, adapté, approprié, efficient) et novateur (original, inattendu, surprenant). En « quelque chose », l’on entend toute idées et/ou pensées, spontanées ou réflexives, qui concernent un contexte particulier (par exemple : résolution de problème, exercice d’écriture, invention). La créativité se rapproche beaucoup de l’imagination, mais les deux termes ont toutefois une distinction forte : là où l’imagination concerne principalement la capacité à générer des images mentales, la créativité, elle, est davantage une « utilisation » pratique de ces images mentales, afin de créer une idée, une suggestion ou une production originale. En cela, les scientifiques s’accordent à dire que l’imagination est à la source de la créativité.


Dans tous les cas, la créativité est un processus ultra complexe de très haut niveau cognitif, alimenté par de multiples aspects : les émotions, les connaissances, l’intellect au sens large, la motivation, la personnalité (caractère, morale, etc…). En clair, trois grands types de facteurs modulent « l’expression créative » :
- Les facteurs cognitifs : qui concernent les facultés mentales, l’intellect et les connaissances
- Les facteurs conatifs : qui concernent l’individu, sa personnalité, sa motivation
- Les facteurs environnementaux :  qui regroupent les influences externes (famille, éducation, amis, socio-professionnel, …)

Ainsi, il est particulièrement délicat de « mesurer » un quelconque potentiel créatif, et d’autant plus que la création en elle-même est sujette à des ressentis émotionnels différents d’une personne à une autre (Par exemple, les nouveaux styles musicaux qui peuvent émerger grâces aux technologies ne vont peut-être pas être qualifiées de « créations musicales » par certai
ns artistes conservateurs). Cependant, les scientifiques utilisent de nombreux tests de génération d’images mentales, de résolutions de problèmes, ou de recherches de solution pour tester la créativité au sens large ; de plus, ils s’intéressent de près aux multiples situations pouvant altérer les processus créatifs (Par exemple, le sommeil, la musique, ou l’addiction).

La créativité dite « artistique » est la plus complexe à étudier scientifiquement, car la subjectivité y est particulièrement importante. Cependant, il serait possible d’étudier l’intégration de l’œuvre dans un contexte socio-culturel déterminé, avec l’influence que l’on sait possible sur le cerveau. (Par exemple, étudier un nouveau genre musical détaché des musiques occidentales classiques, tant au niveau de sa composition interne qu’à ses objectifs communicatifs).

Plusieurs courants de pensées philosophiques placent la créativité (et l’imagination) au summum de l’évolution humaine, dans le sens où plus rien ne pourrait dépasser la capacité à imaginer l’inexistant ; par ailleurs, beaucoup de personnes considérées comme des « génies » créatifs témoignent qu’elles se nourrissent du chaos et du « rien » pour réussir à faire émerger des idées nouvelles et originales. Il serait intéressant de faire des investigations scientifiques plus poussées (à la lumière des nouvelles technologies d’imagerie cérébrale), pour pouvoir compléter davantage nos connaissances actuelles.

Comme n’importe quelle autre capacité cognitive, la créativité peut être stimulée et entraînée. L’avantage à ce qu’elle soit multi-domaine dans son essence même fait qu’elle est relativement simple à stimuler. Il « suffit » de faire des exercices d’imagerie mentale, de réflexion, de résolution de problème (style labyrinthe, par exemple), de créations, ou même de dormir, pour impliquer le processus créatif. En effet, toutes ces dimensions nourrissent les connexions synaptiques du cerveau, qui, avec la plasticité cérébrale, permettent de créer des liens nouveaux susceptibles d’aboutir à des idées/concepts/propositions innovantes et originales.
Ceci revient à dire que plus un cerveau est stimulé, plus son potentiel créatif est riche, car la mémoire sera remplie d’images, de sensations, d’émotions, apprises au cours de l’expérience de vie, autant de suggestions et d’amorces pour des processus complexes de réflexions et de créations. La motivation est également un paramètre conatif clé, car elle est indispensable : l’apathie ou la dépression, souvent consécutives à un manque de motivation, bloquent la créativité et l’imagination. Il faut de l’énergie pour alimenter ces processus cognitifs de haut niveau, et elle provient principalement de la volonté à y parvenir. Par ailleurs, il a déjà été prouvé que le plaisir associé à la création nourrit un cercle vertueux : plus on prend de plaisir à créer, plus on crée, et plus on crée, plus on prend du plaisir.
Plusieurs influences extérieures peuvent mettre le cerveau et l’esprit dans des dispositions favorables à la création. Par exemple, de nombreux artistes travaillent en musique. Qu’il s’agisse de stimulations auditives, visuelles, tactiles ou autres, elles enrichissent les connexions du cortex de par leurs cheminements : en effet, toutes les afférences sensorielles transitent par l’hypothalamus, véritable carrefour cérébral, et activent également de nombreuses zones sous corticales comme les noyaux gris centraux ou le système limbique (émotions). De plus, c’est dans ces régions du cerveau que l’on trouve le striatum ventral et le noyau accumbens, ou circuit de la récompense, spécialisés dans le plaisir, grâce à la dopamine.


La créativité est un domaine de recherche en plein essor, dans les sciences cognitives. Percer ses secrets, c’est permettre d’optimiser son fonctionnement, de l’améliorer, et d’enrichir toujours davantage les connaissances sur le cerveau humain. De plus, étant une capacité cognitive de haut niveau, la créativité peut être utilisée pour lutter contre de nombreuses pathologies, qu’elles soient psychologiques, neurologiques, ou psychiatriques. En effet, ses « vertus » en termes de connexions synaptiques peuvent combattre la dégénérescence neuronale, ou booster la plasticité cérébrale.


L’imagination est au centre de l’esprit humain. Qui n’a jamais imaginé des scènes visuelles en lisant un livre ? Qui n’a jamais rêvé, avec des images, des odeurs, des sons ? Qui ne s’est jamais confronté à un problème technique, dans lequel il fallait trouver une solution particulière pour s’en extraire ? Aussi universelle qu’elle soit, la créativité ne reste pas moins propre à chacun : tout le monde a sa vision des choses, et ses capacités à interagir avec son environnement.

La créativité est encore un secret très bien gardé, mais est elle-même à la source de sa propre découverte : en effet, c’est elle qui nous aide, chaque jour, à penser, à réfléchir, à réagir. Apprendre à la connaître, c’est savoir comment l’on est vraiment.


« La créativité c’est inventer, expérimenter, grandir, prendre des risques, briser les règles, faire des erreurs et s’amuser. »
MARY LOU COOK


Piki Dabou

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