L'IMAGE NARRATIVE : Nope, Anna Pazyniuk (2016)
Oeuvre analysée :
Nope, Anna Pazyniuk
(2016)

Lorsque l'on est illustrateur, raconter une histoire est
toujours quelque chose de difficile. Cette frustration peut être palliée de
bien des manières comme par exemple avec la bande dessinée, mais le challenge
est conséquent. Et difficile et un seul dessin de faire passer toute une
histoire, d’autant plus si cette dernière est complexe.
Cependant, certains illustrateurs n’ont pas peur de s’y
essayer, et c’est le cas de l’œuvre étudiée aujourd’hui.

L’artwork représente une interaction entre deux personnages dans la nature, près d’une ville médiévale perchée sur une falaise. On devine aisément le statut noble de la femme vêtue d’une grande robe rouge, tout comme la race du gentleman l’accompagnant, puisqu’il s’agit d’un elfe. La femme semble refuser l’invitation de l’elfe visant à l’aider à grimper la colline. De cet artwork se dégage une atmosphère fantastique, magique, nous plongeant directement dans cet univers.
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anndr au travail. |
L’artwork représente deux personnages : Beloilen et Ilmar. Beloilen, la femme, refuse l’aide d’Ilmar car ne voulant pas se laisser impressionner par l’elfe. L’artwork a ici pour but de présenter le caractère des deux personnages en une scène représentative : D’une part, Beloilen, une femme forte et indépendante, qualifiée par l’illustratrice de Tsundere, ces personnages féminins japonais aux premiers abords distants et hautains, cachant une certaine sensibilité. D’autre part, Ilmar, un assassin elfe nomade. Une certaine alchimie est installée entre les deux personnages, ce qui permet de cerner en un coup d’œil la relation les unissant.
L’artwork est en réalité l’illustration d’un roman de fantasy-steampunk ‘‘Right to Decry’’ écrit par l’illustratrice lorsqu’elle était au lycée. L’histoire d’Ilmar et Beloilen, envoyés par une reine retrouver le Tergeryl-Tar, une pièce forgée par les dieux sombre.

Alors comment procède-t-elle ?

Alors que la structure permet de parfaitement lire l’action, l’emploi des couleurs, quant à lui, impose une ambiance, dégage un véritable sentiment de l’œuvre. Les dominantes sont le bleu, pour l’eau et le ciel, bien évidement, mais aussi et surtout le vert et le jaune. Une alliance de couleur rappelant sans problème les feuilles mortes et donc… l’atmosphère de l’automne. Sentiment renforcé par les pointes rougeâtres placées ici et là dans le cadre. Les personnages bénéficient de la couleur pour ressortir du cadre avec notamment ce rouge-vif sur la robe de Beloilen. Cette répartition savante de la couleur sait accentuer les éléments d’action et user des aplats colorés pour instaurer un véritable cadre à l’intrigue.

La lumière joue également un grand rôle, si ce n’est le rôle principal dans l’efficacité de l’artwork. Le château illuminé par le soleil, d’ailleurs présent à l’image, ajoute à cet effet de merveilleux. Mais c’est bel et bien cet effet de particules scintillantes qui donnent à l’œuvre toute sa dimension magique, voire irréelle. La lumière de l’artwork capte directement l’attention du spectateur en faisant littéralement briller l’image.

A travers cet artwork, témoignant d’un réel talent de composition de l’artiste, nous avons pu constater du pouvoir évocateur d’une illustration. Il est parfaitement possible de raconter sa propre histoire en une image, et ce, sans qu’elle ne fourmille de centaines de détails, noyant finalement son efficacité. Ce savant mélange de simplicité et de technique picturale raconte lui-même un univers, raconte des personnages, raconte une relation, raconte une ambiance.
Si les artworks sont si évocateurs, d’autant plus ceux prenant place dans un monde imaginaires, invitant autant l’aventure, c’est bien souvent car l’auteur étant derrière y fait transpirer ses histoires, son univers. L’artwork réalisé devient bien plus qu’une simple image, c’est une porte grande ouverte sur le monde d’un auteur.
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