INTERVIEW : HAEREDIUM

   Vous l'avez sans doute senti dans mon émission FORGE, je suis passionné de la sphère power/folk metal et tente par tous les moyens de faire connaître les petites perles que je découvre au grès de mes pérégrinations musicales.
   C'est pourquoi je vous offre aujourd'hui cette interview du groupe Haeredium que j'ai eu la chance de réaliser. J'espère que ce format vous plaira, en vous souhaitant une bonne lecture et une bonne écoute à tous et toutes !


   Bonjour, vous êtes les membres du groupe Haeredium, un groupe de power et folk metal français originaires de Strasbourg, et avez sorti en 2014 votre premier album nommé Aurora. C’est d’abord pour moi un honneur que vous ayez accepté ma proposition d’interview, étant réellement admiratif de vos différents titres. J’aurai donc huit questions à vous poser sur votre musique vous influences ou vos choix artistiques pour apprendre à mieux vous connaître et – je l’espère – donner envie à mes lecteurs d’aller écouter vos morceaux.

Tout d’abord, question plutôt simple, musicalement, quelles sont vos différentes influences, à la fois dans la sphère power/folk mais aussi au-delà si c’est le cas ?

Sébastien : Musicalement, je dirais qu'au départ les influences du groupe étaient dans la mouvance « folk métal » en général, sans cibler de groupe précis. Je suis évidemment influencé par mon parcours de musicien, étant à la base fan de punk rock, j'ai toujours eu cette attirance pour les styles énergiques et très rapides. C'est en découvrant le métal, un peu plus tard, que j'ai construit ma façon de jouer et de composer, aujourd'hui ancrée dans ce style. Maintenant, je pense que c'est différent, je me suis un peu détaché du métal pour me concentrer davantage sur les musiques traditionnelles du monde, qui est l'autre ingrédient du « folk métal ». Ensuite, il y a le parcours et le jeu de chaque musicien du groupe qui donne sa richesse à notre musique, Nicolas (batterie) par exemple, est plutôt jazz et a un jeu très subtil, ce qui est assez peu commun dans le métal.




Lorsqu’on écoute votre album Aurora, on se rend vite compte de la particularité qu’il soit polyglotte : il y a des chansons en bon français (Terre Brûlée), en allemand (Vigrid), en anglais (Blood And Wine) et même en espéranto (Vojaĝokanto) ! (bien qu’il s’agisse d’un morceau purement instrumental) Au-delà d’une vraie sensation de voyage lorsqu’on passe d’un titre à l’autre, pourquoi ce choix ? Et pourquoi l’espéranto ? Une admiration pour les langues construites ?

Sébastien : En parallèle à la musique, je suis aussi passionné de langues, et d'ailleurs c'est bien souvent ce qui m'attire aussi dans les musiques traditionnelles à travers le monde. Il est vrai que l'anglais est, historiquement, la langue du Rock, qui reste le style qui a donné naissance au métal et à toutes ses déclinaisons. Le choix du français n'est donc pas si évident, et j'ai du faire quelques essais avant de trouver la bonne façon d'utiliser la langue dans notre musique. Qu'on le veuille ou non, on associe inévitablement le français aux styles musicaux dans lesquels il est le plus utilisé (chansons françaises, ballades pop, années 80...) et il fallait réussir à avoir un rendu crédible en voulant l'associer à notre style. Le choix de l'allemand est aussi lié à cette attirance pour les langues en général. Ici, en Alsace, nous apprenons l'allemand à l'école, et chanter en allemand nous permet de toucher un public plus large mais tout aussi proche géographiquement de nous. C’est l'idée de ce choix. Concernant l'espéranto, j'aime l'idée que cette langue construite ne « rentre dans aucune case », car apprise uniquement par les passionnés. Notre morceau instrumental avait le même « feeling », il rassemble plein d'influences et de clins d’œil, ce qui le rend aussi d'une certaine manière « inclassable ».



Pour en rester sur les paroles et le chant, Séb, le chanteur de votre groupe, développe au long de vos titres un chant clair très identifiable. Pourquoi avoir choisi de refuser certaines particularités inhérentes au metal comme le scream ou – plus spécifique au power – la voix de tête pour vous concentrer sur ce registre de voix ?


Sébastien : C'est une question intéressante. Je pense tout simplement que j'ai composé et interprété comme ça venait ! Le plus naturellement possible. Il fallait aussi que cela reste cohérent avec l'univers musical du groupe, peut-être moins « métal » que la plupart des représentants de ce style, c'est pourquoi je n'imaginais pas un chant saturé sur ces compositions, il y aurait eu un décalage au niveau du message. D'une manière générale, la musique folk, traditionnelle, est composée et chantée par le « peuple », avec l'idée que tout le monde peut s'approprier le chant. On ne cherche pas forcément la technicité, mais juste à exprimer un ressenti, en chantant instinctivement. Ce n'était pas forcément un refus d'autres formes de chant, mais c'est simplement ainsi que c'est arrivé et j'ai gardé cette façon de faire depuis. Sur notre deuxième album, nous avons justement voulu expérimenter d'autres arrangements de voix, avec des choeurs plus travaillés et des effets plus présents que sur Aurora.

Au-delà de vos influences musicales, quelles sont au sein du groupe vos autres références en termes d’imaginaire qui peuvent ou auraient pu influencer la composition de vos titres ? Les fans de folk et power metal sont souvent amateurs et amatrices de jeux de rôle, de littérature fantasy ou de SF, est-ce que cela a joué dans la réalisation de votre album ou a pu vous inspirer certaines mélodies ou ambiances ?

Sébastien : C'est vrai que c'est un univers souvent associé à ce style, mais ça n'a pas été le cas pour nous ! Je dirais que certaines lectures m'ont influencé, notamment des récits de voyages. J'aime l'idée que nos morceaux aient un côté « atmosphérique », c'est à dire que l'on puisse y trouver un certain climat, selon l'interprétation de chaque auditeur. Nous souhaitons proposer à celui qui écoute l'album un voyage dans son propre imaginaire, qu'il / elle interprète chaque morceau à sa façon et avec son ressenti personnel. Pour la même raison, nous voulions un visuel assez neutre, qui fasse appel à l'interrogation et l'imagination de celui qui le découvre.



Comptez-vous, comme le font bon nombre de groupes de power metal, vous lancer un jour dans la réalisation d’un album-concept ? Est-ce que raconter une grande histoire au fil de titres est quelque chose qui vous attire, ou même que vous projetez déjà ? Ou au contraire, la création d’ambiances et d’une micro-histoire par titre est une chose qui vous convient d’avantage ?

Sébastien : Cela m'a déjà traversé l'esprit, oui, mais je ne voudrais pas faire un album-concept juste pour pouvoir dire que nous en avons fait un. Il faudrait qu'il y ait un véritable thème pertinent qui justifierait ce choix artistique. A une certaine époque, surtout dans le métal, l'idée de l'album-concept était innovante, mais ce phénomène est beaucoup plus présent de nos jours et perd son originalité des débuts. Je dirais que nous sommes plus attiré par le visuel, et souhaitons apporter un soin particulier à l'univers visuel d'un album, qui peut en soi déjà être un concept, sans forcément qu'une histoire rattache tous les morceaux du CD entre eux.

Au fil de vos tournées ou même simplement rencontres, que pouvez-vous dire de la sphère power et folk metal française ? S’internationalise-t-elle ? Reste-t-elle un noyau fort, que ce soit au niveau des groupes ou du public ?

Sébastien : Nous avons la chance d'être dans l'Est de la France, où la scène musicale est très active, cela dit la France donne toujours trop peu de crédit aux musiques « alternatives » et nous le ressentons dans notre parcours, comme beaucoup d'autres groupes. Il y a effectivement aujourd'hui de nombreux groupes de métal folk français assez solides et qui ont accompli de beaux parcours, avec qui nous avons eu l'occasion de partager des affiches. L'internationalisation est un projet plus compliqué, car les pays voisins sont eux-mêmes très riches en groupes, je pense à l'Allemagne et à la Suisse notamment, où nous avons eu la chance de jouer quelques fois. D'autre part, ils ont une considération bien meilleure pour la musique en général, et le métal n'y est pas vu comme une musique de « sauvages ». Je dirais que l'internationalisation passe d'abord par internet, il faut chercher à toucher du public à travers les réseaux sociaux, partout dans le monde. En France, malgré les difficultés que l'on peut rencontrer face aux « institutions » musicales, il y a une vraie scène alternative, et les groupes de métal folk sont très solidaires. Le public est également très fidèle, mais je pense que c'est propre aux fans de métal plus généralement. C'est un genre fédérateur qui rassemble des gens passionnés, autour d'une véritable culture.


Lorsque vous composez vos morceaux, quel est l’élan qui lance la création d’un nouveau morceau ? Est-ce que cela peut partir d’une simple idée de riff, de paroles écrites par un membre du groupe ou trouvez-vous une impulsion créative autre part ?

Sébastien : C'est complexe, mais je dirais qu'il n'y a pas de règles ! Je compose les musiques et j'écris les textes tel que ça vient, mais si je dois donner une constante, je peux dire qu'au départ, il a toujours une mélodie, même insignifiante, quelques notes, et qu'ensuite tout est construit autour de ça. Après, l'instrumentation peut changer, car je compose le plus souvent à la guitare ou sur des instruments traditionnels. Pour le premier album, les compositions étaient pour la plupart nées à partir de riffs de guitare plutôt heavy, alors que sur le deuxième album, j'ai vraiment voulu donner la priorité aux mélodies. Bizarrement, le deuxième album comportera bien plus de passages heavy que le premier. Comme quoi, il n'y a pas de vérité absolue en matière de composition !



Il y a un morceau dans Aurora qui m’a beaucoup marqué, c’est L’Homme de la taverne. J’y sens une vraie ode à l’imagination, à la fiction, aux histoires, peu importe qu’elles soient vraies tant qu’elles soient palpitantes. Quelle a été la genèse de ce morceau ?

Sébastien : Tu as bien saisi l'idée, je voulais que ça raconte une histoire bien définie, avec un vocabulaire très imagé qui permette de visualiser des scènes, comme dans la lecture d'un conte. Le choix du français s'est fait naturellement, pour créer une sorte d' « hymne » qui puisse rassembler les gens, et qui soit reconnaissable dès les premières secondes. Le plus étonnant est que j'avais écrit au départ ce morceau en version beaucoup plus soft, juste guitare et voix, et que le côté métal est venu dans un second temps. C'est un morceau que nous aimons tous jouer en live car il dégage une grande énergie !

Encore merci d’avoir accepté ma requête et de m’offrir cette interview !


Sébastien : Merci à toi !

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Commentaires

  1. Super article, je ne m'y connais pas trop en métal et encore moins dans ses dérivés mais tu m'a vraiment donné envie de découvrir ce groupe! C'est sympa de te voir faire autre chose que de l'imaginaire et ce serait cool de te voir faire d'autres articles dans le même genre (même si j'adore tout ce que tu fais ^^)
    Par contre la question 1 et 3 ont la même réponse, et les remerciements sont répétés à la fin de la dernière question.
    Voilà, sur ce je m'en vais découvrir ce fameux groupe ;)

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    1. J'ai corrigé tes remarques, Blogger a de gros soucis chez moi, ça a été un enfer pour changer ne serais-ce que la couleur du texte, du coup j'ai bricolé la mise en page comme j'ai pu et ai corrigé les erreurs au goûte à goûte.
      Merci beaucoup et bonne écoute à toi, tu m'en diras des nouvelles ! ^^

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